En saison normale (pour autant qu’une année puisse être normale !) nous pouvons planter les tomates sous serre vers le 15 avril, et en plein air vers le 15 mai. La rotation dans le potager sera la plus longue possible, idéalement d’au moins six ans. La parcelle de tomate en plein air peut être fumée copieusement de compost. L’enracinement puissant de la culture valorisera bien cette fertilisation.
La grande difficulté pour la production de tomates en plein air est la lutte contre le mildiou. La tomate doit être aérée au maximum. Pour y arriver, nous plantons de l’ordre de deux plantes par m².
En plein air, les besoins en arrosages sont modérés. Si l’arrosage s’avérait nécessaire, il faut éviter de mouiller inutilement le feuillage, l’humidité sur le feuillage étant favorable au développement du mildiou.
Interventions dans le potager
Les soins de culture sont de plusieurs ordres : désherbage, tuteurage et taille, protection contre les maladies et ennemis (surtout le mildiou).
Le désherbage peut être facilité grâce au paillage entre les rangs. De plus, la paille améliore la résistance du sol au passage répété du jardinier pour surveiller sa culture. Elle économise l’eau en limitant l’évaporation au niveau du sol. La taille consiste à enlever les pousses latérales qui se développent à l’aisselle des feuilles, et ce dès qu’elles mesurent 3 à 5 cm de longueur. On enlève ces pousses en les pinçant avec les ongles (« pincement ») ou à l’aide d’un couteau bien tranchant.
Le tuteurage consiste à guider les tiges le long d’un support vertical. Nous guidons ces tiges le long de bambous ou de tuteurs solides avec des liens lâches, pour ne pas étrangler leur grossissement.
La taille limite la masse foliaire de la plante. Nous limitons le développement de chaque plante en ne gardant qu’une seule tige pour les variétés donnant des calibres moyens ou gros, et deux ou trois tiges seulement pour les variétés de tomate cerise.
Pour les tomates en serre
La fécondation autogame des fleurs se fait par le léger mouvement des fleurs agitées par le vent ou grâce à des insectes. Elle se déroule généralement bien en été en plein air. En serre, il peut être utile de faire vibrer légèrement et quelques instants les tuteurs ou les fils de support, si aucun mouvement d’air naturel ou aucun insecte ne s’en charge. Ce sera le cas pour la fécondation des premiers bouquets au début du printemps. Cette opération est destinée à éviter les mauvaises nouaisons des deux ou trois premiers bouquets floraux. Elle est réalisée lorsque les fleurs sont en plein épanouissement, lorsque l’humidité relative est de l’ordre de 70 %. Nous nous y prenons en tapant légèrement le fil de support ou le tuteur avec une baguette souple : les fleurs sont légèrement vibrées et le pollen peut tomber sur le pistil.
C’est le fond qui manque le moins
La tomate s’autofécondant facilement, il est possible de produire ses propres graines de variétés fixées. Les hybrides produisent des graines également, mais la nouvelle génération de plantes aura perdu l’homogénéité caractéristique des hybrides. La production de ses propres semences permet des économies d’achat l’année suivante. Mais l’achat de nouvelles graines permet de découvrir des variétés que nous ne connaissons pas encore tout en ayant une bonne garantie de résultat. Les graines seront prélevées de fruits issus de plantes saines, se développant bien, et ayant bien les caractères de la variété. Elles seront mises à sécher rapidement, bien identifiées, et mises en attente pour les semis de l’an prochain.
Nous disposons d’un très grand nombre de variétés de tomates. Chacune a des caractéristiques de goût, de forme, de précocité, de grosseur, de couleur qui lui est propre. Certains passionnés en cultivent plusieurs dizaines chaque année, ce qui leur permet de varier les plaisirs de la table. Les gros fruits conviennent bien pour être farcis. Les tomates cerise sont excellentes en apéritif. Les fruits moyens décorent les plats. Toutes donnent des salades ou des potages savoureux. Un point important dans le choix variétal : la résistance au mildiou. Ce critère est mentionné dans les catalogues des semenciers.
Ne nous fâchons pas
La germination des tomates, en terrine de semis, se déroule bien avec une température minimale de 18 à 20ºC. Quand la première vraie feuille est apparue, nous pouvons transplanter en pots d’environ 8 cm de diamètre. Les pots sont protégés dès que la température risque de descendre sous 8ºC. L’élevage des plants dure environ deux mois. Si les conditions climatiques nous amènent à reporter la plantation, nous pouvons transplanter à nouveau dans un conteneur plus grand. La plantation en pleine terre peut être programmée vers la mi-avril en serre d’amateur non chauffée (mais hors gel) et vers la mi-mai en plein air. Les housses de protection permettent un gain de température. Mais elles doivent absolument permettre une bonne aération pour éviter la condensation et les températures maximales excessives. Pour étaler la production, nous pouvons planter quelques plantes sous serre et d’autres en plein air. L’avantage de la production sous serre est la réduction des risques de mildiou, du moins si la serre est bien aérée pour éviter la condensation. Des températures diurnes supérieures à 35ºC sous serre arrêtent ou ralentissent significativement l’épidémie de mildiou.
La tomate peut exprimer un grand nombre de maladies. Mais chez nous, les plus fréquentes sont le mildiou (souvent), l’alternariose (parfois) et la nécrose apicale (en serres surtout). Les attaques d’insectes sont rarement problématiques, si ce ne sont les aleurodes dans les serres les hébergeant.
Le mildiou (Phytophtora infestans) est causé par le même champignon que celui s’attaquant aux pommes de terre. La proximité d’une parcelle atteinte par l’épidémie augmente les risques de contamination des tomates du potager, surtout si l’orientation du vent est favorable au transport des spores. Ce sera l’inverse pour les champs de pomme de terre voisins si notre potager est porteur de la maladie. La lutte fera appel à des mesures prophylactiques et des mesures préventives.
Nous pouvons choisir des variétés ayant des facteurs de résistance. Le mildiou contourne les résistances par sélection naturelle. Les variétés les plus récentes apportent un intérêt nouveau pour les jardiniers. Comme le mildiou se développe en conditions d’humidité élevée, tout ce qui favorise la bonne aération des plantes est favorable pour limiter l’extension de la maladie. Il existe des produits homologués pour protéger les feuilles. Comme ce sont des produits de contact, il faut bien protéger l’entièreté de la masse foliaire pour obtenir l’efficacité souhaitée. Le site http://www.fytoweb.fgov.be/ nous indique quels sont ces produits. Les produits ayant un numéro d’agréation comprenant la lettre G sont utilisables par les amateurs. Les produits à base de cuivre peuvent être appliqués 1 à 4 fois, en respectant une distance de 10 mètres par rapport aux étendues d’eau mares, etc.).
L’alternariose n’est pas fréquente et se développe plutôt sur les plantes en fin de développement ; il n’y a généralement rien à faire, si ce n’est d’identifier la maladie pour éviter la confusion avec le mildiou.
La nécrose apicale sur les fruits survient quand le développement racinaire et la salinité du sol ne sont pas optimums. L’alimentation en calcium du fruit peut alors être insuffisante et une nécrose peut apparaître. Chez nous, ce sera surtout sous serre et quand l’irrigation n’est pas parfaite que cette maladie physiologique apparaît. Il en fut question aussi dans Le Sillon Belge du 21 novembre 2014.