Accueil Cultures

Cultures innovantes: quelles plantes pourrions-nous cultiver en 2050?

Depuis plusieurs années, le Cepicop, en partenariat avec Gembloux Agro-Bio Tech, l’Ucl, le Cra-w ou encore la Fwa, s’intéresse à des cultures innovantes peu courantes en Région wallonne. Dans quel intérêt ? Rémy Blanchard répond à cette question.

Temps de lecture : 4 min

Ces derniers temps, le réchauffement climatique est un fait qui peut difficilement être éludé en agriculture. Les saisons s’enchaînent et ne se ressemblent pas et sont ponctuées de longues périodes de sécheresse ou, à l’inverse, de pluies incessantes. Difficile d’envisager la mise en place, le suivi et la récolte des cultures dans ces conditions.

Plus de protéines, moins de transports

D’autre part, l’Europe confirme sa volonté d’augmenter la production de protéines dans les années futures. En effet, la demande en la matière est en augmentation, tant en alimentation animale qu’humaine. Dans ce dernier domaine, on parle d’un taux de croissance annuel de 7 %. à l’échelle mondiale. Or, l’UE importe l’essentiel de ses besoins en protéines. Il y a donc des opportunités à saisir.

Enfin, la réduction des gaz à effets de serre et des mouvements, la remise en cause de notre mode de consommation et la production de proximité sont également des points de travail très actuels.

« Dans ce contexte, il est pertinent de s’intéresser à des cultures considérées comme innovantes afin d’identifier celles qui seraient les plus aptes à s’adapter à nos conditions agronomiques et à répondre à ces besoins et demandes en hausse. Néanmoins, il est difficile de prédire celle qui percera tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux. Il faut également que tous les maillons de la chaîne se mettent en place pour qu’une culture puisse se développer : le producteur avec un apport en volume et qualité mais aussi les acheteurs, transformateurs et, enfin, les consommateurs. C’est pourquoi, nous ne nous limitons pas à l’étude agronomique de ces cultures mais tentons également d’identifier les partenaires potentiels de leur développement », explique Rémy Blanchard.

On n’y croyait pas, et pourtant…

L’entreprise paraît osée mais elle a déjà été tentée avec succès auparavant : « Vers le 17e siècle, une culture particulière s’est invitée en Europe et s’est fortement développée dans nos régions ces 60 dernières années alors, qu’à ses débuts, on n’y croyait pas franchement et on se posait pas mal de questions quant à sa date de semis et son désherbage : le maïs ! Aujourd’hui, elle est plus que courante et c’est notamment l’œuvre des instituts et des agriculteurs qui ont réalisé des recherches et tests pour lever les freins rencontrés. Parfois, il faut juste parfois rester ouvert, même si bien sûr, tous les essais ne suivent pas forcément cette voie idéale ».

Identifier les obstacles et les contourner

Actuellement, le centre teste des plantes telles que le pois chiche, le sarrasin, le quinoa, le haricot, la lentille, le soja, la caméline, ou encore le tournesol (Cra-w) et la moutarde (Ucl) en agriculture raisonnée et biologique. « Elles pourraient répondre au contexte actuel et ont aussi des avantages environnementaux puisque certaines d’entre elles sont capables de fixer l’azote via des nodosités ». Des essais variétaux, de dates de semis échelonnées, de densité ou interligne variables ou encore de désherbage mécanique et/ou phytopharmaceutiques sont réalisés. « Il est clair qu’on identifie plus particulièrement des biais au niveau du désherbage, de la gestion des ravageurs ou encore la période de récolte selon les plantes. Des solutions sont testées afin d’y remédier ».

L’ensemble de ces cultures vont être évaluées sur une plus ou moins longue période. « Cela nous permettra d’adapter l’itinéraire technique et de disposer d’années de référence. On a encore peu de recul et cela prendra du temps du fait du peu de recherche sur la reproduction, les pratiques agronomiques et les différentes utilisations de ces cultures. Cependant, il y a quand même des industries qui investissent dans le domaine puisqu’il y a, par exemple, de plus en plus de sélections en protéagineux. Un soutien non négligeable pourrait également se faire via des incitations financières, l’encadrement des nouvelles techniques de sélections génomiques et le renouvellement des variétés, l’autorisation de la culture d’espèces riches en protéines sur des terres en jachères ou encore la mise en œuvre de mesures miroirs garantissant la conformité des importations aux normes environnementales de l’UE ainsi qu’un cadre de certification carbone ».

Et de conclure, « On se doit d’investiguer dans le domaine. D’ailleurs, concernant les protéines, l’industrie y croit aussi puisqu’elle propose déjà des boissons, pâtes, farines et autres préparations enrichies en protéines ».

Delphine Jaunard

A lire aussi en Cultures

Voir plus d'articles