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Météo, fertilisation, maladies : le tour de l’actualité en maraîchage

La saison maraîchère de cette année, marquée par des conditions climatiques fluctuantes, a perturbé la structure des sols et la dynamique des cultures. Face à cette situation, les maraîchers doivent adapter leurs pratiques, notamment pour la fertilisation, mais aussi rester vigilants face aux maladies et ravageurs qui pourraient causer de gros dégâts aux parcelles.

Temps de lecture : 6 min

En préparant les terres au printemps voire au début de l’été, nous avons dû composer avec des structures de sols matraquées par les précipitations très élevées depuis octobre 2023. Les cultures implantées en subissent encore les conséquences. L’enracinement y est moins performant, ce qui les rend vulnérables dès qu’il y a quelques jours de déficit hydrique estival.

Mars, avec ses températures douces, a influencé les périodes clés de développement des bioagresseurs et des auxiliaires. La saison a plutôt été favorable à ces derniers, avec des nuances importantes notamment pour ceux ciblant les chenilles sur crucifères.

La minéralisation des matières organiques a été possible avec la température et les pluies. Mais localement, les sols refermés ont manqué d’aération et donc de minéralisation. Cela se voit dans l’état de la végétation et se confirmera probablement lors des analyses de profil de fin de saison.

Les précipitations orageuses locales n’ont rien arrangé… La battance de surface et les écoulements de limons sont déplorés sous la violence des pluies.

Pouvoir réajuster la fertilisation

Les légumes d’automne de plein air peuvent montrer des signes de manque d’azote ou de soufre avec les palissements caractéristiques du feuillage. Nous le constatons notamment en poireaux et en choux. Avant toute décision d’un complément de fertilisation, il convient de faire le point du bilan des apports et des exportations. Il est très probable que la minéralisation ait été fortement ralentie en sols à structure trop dégradée. Avec des apports non calculés, nous risquerions de nous retrouver avec des excès. C’est surtout important pour l’azote. Selon les circonstances, nous referons le calcul du bilan ou nous réaliserons une analyse du profil du sol.

En principe, les apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après la plantation en choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après celle-ci en choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés. Pour les poireaux et céleris-raves, c’est après 6 à 8 semaines.

Mais attention : tout est chamboulé cette année. Les compléments pourraient se calculer d’après les analyses, mais c’est bien compliqué dans les petites fermes maraîchères diversifiées. Nous devrons régulièrement réduire les apports prévus en poireaux, choux et céleris-raves, sachant que le rendement potentiel sera souvent revu à la baisse.

Les parcelles de racines de chicon, se développent plutôt correctement. Cependant, dans les zones mal levées ou touchées par les coulées de boue, la saison est déjà compromise !

Dans les parcelles bien peuplées et à bonne structure, le feuillage est assez luxuriant. La minéralisation tardive attendue dans les prochains jours pourrait favoriser les maladies bactériennes du collet ( Pectobacterium carotovora notamment). Il est, dès lors, important de vérifier l’état de maturité de chaque parcelle indépendamment du planning prévu initialement d’après les dates de semis.

Les différentes maladies et ravageurs à tenir à l’œil…

Chaque année vient avec son lot de maladies et de ravageurs.

Pour les pucerons du feuillage, leurs populations ont été repérées tôt cette année, notamment en laitues. Leur expansion est fort variable d’une parcelle, ou d’une zone, à l’autre. La douceur précoce du début d’année et l’été ont aussi été favorables à la remise en activité précoce des auxiliaires. Dans une large majorité de cas, il n’y a d’ailleurs pas lieu d’intervenir puisque ces auxiliaires pourront réduire rapidement les populations de pucerons.

Il faut néanmoins rester assez attentifs sur des cultures de laitues d’automne puisque les températures annoncées pour ces prochains jours leur sont bénéfiques (autour de 20°C).

Et n’oublions pas que l’environnement diversifié de la parcelle est déterminant (haies, zones herbées mixtes…).

Pour la noctuelle gamma, ce papillon migrateur est déjà bien présent sur certaines cultures en serre et en plein air. Lorsqu’une population s’installe, les dégâts peuvent vite être localement importants. La visite régulière des cultures de laitues, de haricots, de chicorées, entre autres, permet d’intervenir rapidement.

Les attaques de chenilles sur choux ont été diverses et plutôt moyennes. Actuellement encore, la surveillance des parcelles est requise plusieurs fois par semaine. À côté de la noctuelle gamma, les chenilles de la teigne des crucifères sont plus abondantes depuis quelques semaines ainsi que les piérides.

… mais aussi

Les aleurodes sont un problème dans certaines cultures, comme les choux. Classiquement, la météo de septembre est favorable à l’explosion des populations. Il convient de surveiller les zones à risque pour repérer ces mouches blanches avant d’être envahi, surtout en serre ou même en plein air.

Les thrips avec des populations en augmentation depuis la mi-août. Les dégâts sont les traces de piqûres sur le feuillage des poireaux. S’il s’agit d’un défaut mineur pour la vente en circuit court, pour les circuits longs, la production devra répondre à des critères commerciaux spécifiques.

Lorsque les températures moyennes commenceront à tendre à nouveau vers les 15°C, les risques liés à l’activité de la mouche mineuse des Alliacées vont probablement augmenter. Il est important de surveiller préventivement l’apparition de nouvelles piqûres de nutrition, signe annonciateur de futures pontes. La couverture avec des filets, la coupe du feuillage avant la migration des larves et les pulvérisations lorsque le cahier des charges de production le permet sont des solutions préventives.

Concernant la mouche du chicon, sa présence est extrêmement variable d’un lieu à l’autre même si, dans l’ensemble, elle est restée limitée à moyenne. Il est donc recommandé de poursuivre la surveillance, sans intensifier les mesures pour le moment.

Les pucerons des racines sont favorisés par la sécheresse et les fissures creusées dans le sol. En 2024, les pluies nous ont épargné leur présence massive. Restons encore attentifs quelques jours auprès des endroits proches des plantations de peupliers.

Les attaques de limaces sont très importantes depuis l’automne et continuent à faire des dégâts. Les périphéries de parcelles sont les premières envahies avec des pertes allant jusqu’à la destruction totale. Nous devrons revenir sur les mesures à prendre en vue de préparer la prochaine année culturale.

Les mildious, faux mildious et oïdium ont pu se développer sur nos différentes cultures avec des pressions relativement moyennes. C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les espèces sensibles, comme nous l’expliquions dans Le Sillon Belge du 22 août.

Il y a eu très peu de mildiou et de faux-mildiou cette année. C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les plantes sensibles dont les cucurbitacées.
Il y a eu très peu de mildiou et de faux-mildiou cette année. C’est plutôt l’oïdium qui s’est développé sur les plantes sensibles dont les cucurbitacées. - F.

Pour la rouille du poireau, les pustules ne sont pas encore nombreuses pour l’instant. Nous savons que les conditions météo de septembre et mi-octobre peuvent permettre une extension de la maladie. En variétés robustes par rapport à celle-ci, généralement il n’y a pas encore de symptôme visible.

Au niveau des foyers de sclérotinia sclerotiorum repérés antérieurement, ils doivent être surveillés de près.

Vu les conditions météo des dix derniers mois, nous devrons être tout particulièrement attentifs dans nos observations sur tous les sites où des cultures n’ont pas pu être récoltées et où la masse des résidus végétaux à décomposer sont importants. Lors des dernières grosses inondations hivernales, ce fut très marquant.

Et en céleris, alors que les signes d’attaques de la septoriose sont souvent manifestes à partir de la mi-août, nos cultures ont été épargnées jusqu’à présent. C’est évidemment appréciable, d’autant plus en maraîchage bio où les moyens de lutte sont limités. Néanmoins nous devons, malheureusement, nous attendre à une forte extension de cette maladie dans les prochains jours.

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