Le fenouil, un légume adapté au climat méditéranéen, à cultiver aussi chez nous
À quelques exceptions près, il n’y a guère de débouché industriel chez nous, la culture reste typiquement maraîchère. Il y a un marché étroit pour le fenouil de fin de printemps, cultivé sous serre maraîchère, et surtout pour celui d’automne. Bien que l’offre soit largement alimentée par du fenouil venant des pays méditerranéens, il existe une demande locale en vente directe ou en circuits courts. Le Sillon Belge de la semaine dernière présentait, par ailleurs, les souhaits et besoins des consommateurs pour les produits locaux.
Notons que le bulbe de fenouil est appelé commercialement « pomme ». Il est constitué de 4 à 6 feuilles assez épaisses pour les variétés d’été et d’environ 8 feuilles pour celles d’automne.
À l’aisselle de chaque feuille, le bourgeon axillaire reste normalement à l’état embryonnaire. Cependant, un stress de croissance de bourgeon central peut induire le développement de ces bourgeons axillaires en provoquant une déformation du bulbe.
L’enracinement pivotant est brisé entre l’élevage des plantules et la plantation en pleine terre. Il est suppléé par un enracinement fasciculé. Ces racines superficielles sont assez denses, mais ne se développent bien que dans des sols bien décompactés et ameublis.
Quelles variétés choisir ?
À côté des variétés populations, les hybrides ont apporté une avancée sérieuse quant à l’homogénéité et l’acclimatation à nos conditions. Les variétés sont classées selon leur adaptation à une époque de culture. La sensibilité est marquée à la durée du jour critique pour la bulbaison, la durée du jour pour l’induction florale et la résistance au froid.
Les variétés mi-précoces sont cultivées dans la période de longueur du jour décroissante, c’est-à-dire qu’elles sont semées au début de l’été, plantées 5 semaines plus tard et récoltées en automne avant les gelées sévères. Le bulbe est gros, lourd (600 g) à l’issue du cycle cultural de 4 mois.
Les variétés précoces ont un cycle de production court (3 mois) et produisent des bulbes moins lourds (300 à 500 g). Elles sont semées sous serre en février mars pour les types les plus résistants à la montaison. Elles se développent bien sous abris.
Les types de Mantoue ou de Genève sont semés de mars à juin sous serres pour être cultivés en plein air après la plantation.
L’élevage : bien choisir sa période
La germination se déroule au mieux entre 20 et 22°C. Ensuite, l’élevage se fait à 15 à 20 ºC. Notons que le zéro de végétation est entre 4 et 5 ºC. Des altérations aux bulbes sont visibles dès 0°C, la destruction est complète à -2 ou -3°C.
La culture du fenouil semi-précoce se réalise avec des plants élevés à chaud ou en serre antigel, puis plantés quand la température du sol atteint 10 à 12°C (début mai). L’emploi de voiles ne pose pas de problème jusqu’à mi ou fin mai. La récolte se déroulera à partir de mi-juillet.
La culture d’automne fait avec des plants semés de mi-juin à fin juillet, selon la variété. Les semis peuvent être échelonnés tous les 2 à 3 jours afin d’étaler la récolte de 7 à 10 jours en octobre.
L’élevage s’opère en mottes de 5 voire de 7 cm pour permettre la plantation 5 à 7 semaines plus tard.
Une structure du sol impeccable
La structure du sol doit être impeccable pour permettre le meilleur développement possible des racines. Sous serre maraîchère, nous n’avons pas trop de problèmes cette année. Les citernes sont bien remplies.
Les besoins en éléments minéraux nutritifs sont relativement élevés. Ils sont en liaison directe avec le rendement de la culture et donc de la classe de précocité. Comme ordre de grandeur, retenons chez nous 200 unités de N, 30 unités de P2O5, 200 de K2O et 18 de MgO. Les feuilles et les racines restituent au sol la moitié de ces quantités après la culture. Le fenouil tolère assez bien la salinité des sols, ce qui peut être un atout en culture de fin d’été en serre maraîchère.
Pour celles d’été et d’automne en plein air, nous plantons en étalant les dates du début à fin juillet afin de récolter de début septembre à début novembre.
Sous tunnels maraîchers, il faut planter en août en réglant le chauffage à 5°C en cas de risque de légères gelées et on aère au maximum à 25°C.
La densité de plantation est de 12 plantes / m² sous tunnel et pour la culture précoce quand le site est bien éclairé. Quand ce n’est pas le cas (ombre d’arbres ou de bâtiments, plastique de serre ancien…) nous réduisons la densité à 9 ou 10 plantes / m². En planches de 1,5 m de largeur d’axe à axe, nous plantons sur 4 lignes distantes 30 cm.
La plantation se réalise à moins 5 cm dans un sillon pour permettre de butter ensuite légèrement bien que cette opération ne soit plus obligatoire avec les variétés actuelles.
Le semis direct est théoriquement possible pour celui de juin, même si le désherbage n’est pas du tout facile à faire.
L’irrigation par aspersion convient bien. Les besoins en eau sont importants et peuvent être estimés à 3 mm/jour en moyenne. Des tensiomètres peuvent être utilisés.
La croissance du fenouil doit être très régulière. Sinon, il peut y avoir des défauts physiologiques : montaison précoce, nécrose des côtes, drageon partant entre les côtes. En fin de culture, la surmaturité amène l’éclatement des pommes. En année moyenne, l’irrigation est nécessaire.
Récolter puis conserver sa production
Le stade de récolte est un compromis entre le grossissement de la pomme et le développement de bourgeons axillaires. Le démarrage de ceux-ci induit des déformations de pommes, une altération générale du goût et une tendance à la fibrosité.
Concernant la conservation, le fenouil est riche en substances d’oxydation et brunit rapidement. La préréfrigération humide permet de le conserver une à deux semaines à 5 à 10°C. Il peut être conservé 1 à 2 mois à 0°C et 95 % d’humidité relative, sous film perforé.
Les maladies et ravageurs à tenir à l’œil
La cladosporiose peut provoquer un jaunissement et un affaissement du feuillage. Elle est plus fréquente sous tunnel.
Pectobacterium carotovorum est redoutée dès que la température dépasse une quinzaine de degrés. Les fentes de croissance qui apparaissent lorsque la météo ou les apports d’eau varient fortement sont des portes d’entrée.
La mouche de la carotte et la mouche du céleri, les pucerons, les noctuelles peuvent s’inféoder au fenouil. Les attaques sont rarement fortes en septembre.
Les limaces peuvent aussi amener des dégâts directs (traces de morsures) et indirects (porte d’entrée de maladies).
