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Savoir se montrer patient et prévoyant face aux aléas climatiques

De la patience… c’est ce que nous devons nous répéter sans cesse. Une consolation, les citernes et réserves d’eau de pluie sont remplies. En attendant que les parcelles de plein air soient ressuyées, occupons-nous des serres maraîchères où les travaux saisonniers avancent normalement. À ce propos, retenons tout de même un aspect positif : il n’y fait pas trop chaud !

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Comme l’année dernière, ce n’est pas simple d’organiser les plantations et semis. Il nous reste à espérer une amélioration de la météo pour ces prochaines semaines.

Un des soucis est la gestion des plantations en extérieur. Nous devons nous efforcer de maintenir les plants en croissance un peu ralentie en vue de tenter de les maintenir en état. Diminuer les arrosages permet de ralentir leur croissance. Et lorsqu’’ils sont sortis, ils sont mouillés avec les pluies répétées. Il faut donc essayer de tenir bon encore quelques jours.

Dans de telles conditions, ce n’est pas facile d’ajuster les livraisons aux calendriers théoriques, d’une part. Et d’autre part, de s’adapter aux demandes ponctuelles des clients en légumes frais pour les rencontres festives qui pourront reprendre dans quelques semaines, du moins nous l’espérons.

D’ailleurs, efforçons-nous à ne pas travailler sur sols encore trop humides. Même s’il est vrai que nous sommes en retard par rapport au calendrier, il faut pouvoir attendre quant à l’état de leur structure. Si nous travaillons des sols qui ne sont pas ressuyés, nous ajoutons un frein considérable au développement futur des cultures. Notons que toutes les sous-régions ne sont pas dans le même cas puisque leurs précipitations différent fortement en quantité. De plus, la capacité de drainage des sols n’est pas la même d’une parcelle à une autre.

Adapter la fertilisation selon le type de plantation

Les légumes à longue durée de végétation et à fort développement végétatif ont besoin d’une fertilisation adaptée. Bien que les situations soient très contrastées d’un endroit à l’autre, les reliquats d’azote sont plutôt moyens en parcelles maraîchères. Après les fumures organiques de base, il est prudent de se baser sur une analyse de profil avant de se lancer dans des apports complémentaires. Les laboratoires sont disponibles sur le site www.requasud.be.

Ces apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après la plantation de choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après la plantation de choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés et 6 à 8 semaines après la plantation de poireaux et céleris raves. Les compléments se calculent d’après les analyses. Il ne sert à rien de forcer les doses, des apports totaux de 120 à 150 unités d’azote en poireaux, 100 à 120 en choux pommés ou un peu plus en choux blancs, et 130 à 150 unités en céleris raves suffisent généralement. En cas d’apports organiques avant la plantation, nous pouvons faire déterminer les reliquats et les disponibilités selon l’avancement réel de la minéralisation, l’état de notre parcelle et selon le climat.

Les légumes à courte période de végétation n’ont guère besoin d’un fractionnement de la fertilisation.

Des structures de sol dégradées

Les conditions climatiques de 2023 et l’hiver très pluvieux nous ont laissé des structures de sol dégradées. Ils sont froids et gorgés d’eau. Pour les quelques rares parcelles déjà implantées, il est très malaisé voire impossible de procéder à des faux-semis et des binages. La question de l’enherbement s’y pose clairement.

Surveiller les populations de pucerons et des auxiliaires naturels

Chaque année vient avec son lot de maladies et de ravageurs. Concernant les pucerons, leur population a été repérée très tôt. Elles se sont plutôt peu étendues sous abris comme en plein air. Mais ce n’est pas une généralité, sur certains sites, cette problématique est plus localisée. Nous pouvons expliquer cela par des conditions peu favorables aux vols et ce sont plutôt d’anciens foyers qui s’étendent de proche en proche.

De plus, les conditions météo des dernières semaines sont défavorables au bon épanouissement des populations d’auxiliaires naturels. Actuellement, leur activité est ralentie. Il faudra d’abord une relance sérieuse de celles-ci, puis leur dispersion avant de constater une maîtrise des populations de pucerons.

Nous devons rester attentifs pour les cultures en place : il se pourrait que les foyers déjà repérés de ces petits insectes s’étendent lors des prochaines semaines. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas lieu d’intervenir, mais restons cependant attentifs. C’est surtout important pour les cultures sensibles comme les laitues, surtout si l’environnement de la parcelle est peu propice (peu de haies, peu de végétaux permanents près de la parcelle, etc.) à l’installation rapide des auxiliaires.

Contrôler les limaces et les escargots pour lutter contre ces ravageurs

Les dégâts de limaces sont fréquents, ici sur un chou-fleur. Les populations sont en forte augmentation  en plein air comme sous abris.
Les dégâts de limaces sont fréquents, ici sur un chou-fleur. Les populations sont en forte augmentation en plein air comme sous abris. - F.

Les populations de limaces et d’escargots sont en très forte augmentation en plein air comme sous abris. Elles semblent importantes sur certains sites et plutôt faibles ailleurs. La biologie de ces bestioles, la structure du sol après l’année 2023 et la biodiversité peuvent expliquer partiellement ces constatations.

Les limaces adultes mangent jusqu’à la moitié de leur poids par 24 heures, ce qui est énorme en termes de jeunes plantules.

Ces gastéropodes peuvent être observés directement par leur présence ou par les traces de passage sur les feuilles couvertes de la rosée matinale ou les traces de mucus. Les pièges permettent d’apprécier le niveau d’importance des populations. Les résultats doivent être interprétés selon la grandeur des risques, dépendant eux-mêmes de la culture et de l’époque de l’année.

En pratique, 4 pièges de ¼ de m², constitués de cartons humidifiés et recouverts d’une bâche, seront disposés sur la parcelle quand les températures seront un peu remontées. Le comptage se fait 3 jours plus tard et s’exprime en individus/m². Le seuil de tolérance dépend de la sensibilité de la culture. Nous considérons que le maximum tolérable est de 1 individu/m² en cultures sensibles comme les laitues, les choux, les radis, les navets, les fraises et les épinards. Nous pouvons retenir le niveau maximum de 2 individus/m² sur chicons et celui de 12 /m² sur haricots.

Plusieurs espèces de carabes et de staphylins dévorent les œufs de limaces, leur action est précieuse vis-à-vis des pontes, dès le début du printemps. Pour favoriser les carabes et les auxiliaires, il convient de maintenir des zones refuges enherbées aux flores diversifiées constituant un maillage autour des parcelles.

Les molluscicides homologués apportent un autre type de solution. Le métaldéhyde (plusieurs noms commerciaux, 0,30 à 0,42 kg de m.a./ha) détruit les cellules productrices de mucus, la limace se déshydrate. Avec le phosphate ferrique, elles cessent de l’alimenter (plusieurs noms commerciaux, 0,21 à 0,5 kg de m.a./ha). Des informations à ce sujet sont disponibles sur www.fytoweb.be.

Les résultats seront meilleurs par interventions précoces, au semis et avant la levée de la culture. La lutte doit s’organiser surtout pour éviter les surpopulations aux premiers stades de la culture.

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