Accueil Porcs

Offrir une seconde vie aux étables vides en engraissant des porcs sur paille!

Utiliser des bâtiments déjà existants, mais inoccupés, pour accueillir des porcs et, de cette manière, ajouter une nouvelle corde à l’arc de son exploitation agricole : c’est ce que propose « Porc sur paille ». Lancée et coordonnée par Jean-Philippe Falque, cette filière s’occupe de trouver les porcelets, d’envoyer les bêtes à l’abattoir, et de la commercialisation auprès des artisans bouchers. Un service « clé en main » qui a séduit la ferme Malfalise. Spécialisée en grandes cultures, la famille Tavernel se charge d’engraisser 200 cochons, qui prennent désormais place dans les anciennes étables.

Temps de lecture : 6 min

Il y a un an, la ferme de Montigny-le-Tilleul s’est lancée dans l’aventure porcine. « J’avais dix ans quand papa a cessé de traire. Puis, nous avons eu des vaches allaitantes, avant d’arrêter. Nos étables étaient vides, et nous cherchions à les occuper », se souvient Allan Tavernel, la 7e génération à travailler dans cette exploitation hennuyère. Séduit par la filière « Porc sur paille », le jeune homme décide donc de se lancer dans une nouvelle spéculation. Il trouve du matériel d’occasion, encore utilisable, achète deux silos, des trémies et des barrières : bref, l’équipement nécessaire pour accueillir ces nouveaux animaux. Un investissement total d’environ 5.000 €. Ensuite, c’est parti : les porcs ont pu débarquer dans la ferme.

Des porcelets d’environ 20 kg qui restent sur place entre quatre et cinq mois, avant de partir à l’abattoir lorsqu’ils ont atteint un poids carcasse idéal compris entre 100 et 110 kg. Durant cette phase d’engraissement, ces 200 animaux sont répartis dans cinq loges différentes. Les plus jeunes prennent place dans celles au fond de l’étable, plus fermées pour leur assurer davantage de chaleur, puis avancent dans le bâtiment au fur et à mesure de leur âge.

Allan s’occupe au quotidien des animaux dont le fumier est utilisé pour fertiliser les différentes cultures de la ferme.
Allan s’occupe au quotidien des animaux dont le fumier est utilisé pour fertiliser les différentes cultures de la ferme. - D.T.

Une nouvelle source de revenu sans réaliser de gros investissements

Quotidiennement, le jeune agriculteur s’occupe des bêtes. Il compte à peu près une heure pour tout réaliser. « Je les surveille. Les trémies sont, elles, automatisées. Il faut aussi une journée pour le nettoyage et le curage complet, et une heure par week-end pour le chargement des animaux », raconte-t-il sous l’œil attentif de son papa, Édouard. Ce dernier n’est pas vraiment novice en la matière. Les porcs, il en avait déjà avec son père. Toutefois, à l’époque, c’était bien différent… Il prenait en charge tout le cycle, de la naissance à l’engraissement, pour finir par la vente au boucher. « Par manque de main-d’œuvre, nous ne l’avons plus fait… », confie-t-il.

Toutefois, si « Porc sur paille » pourrait lui rappeler des souvenirs, cette filière leur permet d’alléger considérablement le travail. « À présent, je suis juste responsable de l’engraissement. Jean-Philippe gère tout le circuit. Une réelle facilité ! ».

Bref, que du bonus. D’autant plus que grâce à cette nouvelle spécialité, la ferme peut bénéficier d’une nouvelle source de revenu. L’engraisseur est ainsi payé au porc sortant. Si le taux moyen de mortalité est d’une bête sur 80, 40 animaux partent chaque mois du site pour être abattus. En déduisant les charges, cela leur permet de dégager mensuellement environ 500 €.

« Nous rachetons l’ensemble du lot. J’ai calculé mon prix de vente de carcasse pour pouvoir tout payer : les porcelets, les aliments, le travail de l’engraisseur, les frais vétérinaires éventuels… », indique Jean-Philippe Falque, responsable de « Porc sur paille ».

Par ailleurs, avec l’élevage porcin, rien ne se perd puisque le fumier est utilisé pour fertiliser les cultures de la ferme. À ce propos, selon le coordinateur de la filière et ingénieur industriel en agronomie, il s’agit presque d’un fumier composté car les animaux retournent et oxygènent la paille. « Ce qui est intéressant d’un point de vue environnemental car l’azote organique qu’il contient se minéralise moins rapidement. Il y a donc moins de risque au niveau des nappes phréatiques ».

La famille Tavernel a fait confiance à la filière lancée et coordonnée par Jean-Philippe Falque (au milieu).
La famille Tavernel a fait confiance à la filière lancée et coordonnée par Jean-Philippe Falque (au milieu). - D.T.

Trois valeurs fondamentales

La ferme de Malfalise n’est pas la première à avoir été conquise par la filière. Il faut bien avouer que ce concept, et ses trois valeurs fondamentales, ont de quoi en séduire plus d’un.

Tout d’abord, il vise à soutenir l’agriculture familiale, en danger depuis de nombreuses années. L’idée est, en effet, de permettre aux exploitations de se lancer dans les porcs sans, pour autant, devoir réaliser de gros frais. Dès lors, il ne faut pas construire de nouvelles structures. Le but est d’utiliser le bâti déjà existant pour ensuite l’aménager à faible coût.

Ensuite, avec cette filière, Jean-Philippe Falque entend développer la filière porcine tout en misant sur plus de bien-être animal. « Il s’agit d’un animal suidé. Sur du béton, c’est compliqué de laisser libre recours à sa nature. Sur paille, il possède plus de confort, et davantage de place. Nous demandons le double de l’industriel : 1,3 m² par bête, avec des bandes de 40 ou 50 en fonction de l’installation, pour qu’il y ait toujours de l’espace libre dans la loge. Ils vivent également dans un environnement plus lumineux que dans une porcherie industrielle classique ». Toutefois, il n’est pas nécessaire d’avoir un parcours extérieur. « Le croisement Landrace-Piétrain avec lequel nous travaillons ne le nécessite pas ».

Enfin, grâce à « Porc sur paille », l’ingénieur poursuit l’objectif de travailler en circuit court, en ne collaborant qu’avec des artisans bouchers, eux aussi, en perte de vitesse.

Les dix bougies de la filière

Cette année, « Porc sur paille » souffle ses dix bougies. Des années ponctuées de succès, comme lors de la période du Covid avec l’essor du circuit court, mais aussi de difficultés (voir ci-dessous). Une belle histoire qui s’est écrite grâce à Jean-Philippe Falque. Tout débute avec son travail dans la firme d’alimentation Debaillie, basée à Roulers. « En commençant, j’ai notamment hérité d’une clientèle spécialisée en engraissement de porcs sur paille. J’ai tout de suite été séduit par l’idée de pouvoir faire du cochon dans les fermes sans que cela représente d’énormes investissements. Avant, les éleveurs fonctionnaient souvent en ronde d’été. Lorsque les vaches partaient en prairie, les étables vides étaient utilisées pour mettre ces animaux ».

Toutefois, en 2015, le secteur fait face à une nouvelle crise financière. Face à cette difficulté, l’avenir de ces animaux avec cette conduite d’élevage était en danger. « Ce sont des cochons sportifs, ils bougent. Dès lors, forcément, ils mangent plus et reviennent plus cher à produire ».

Finalement, en accord avec sa direction, il décide de lancer la filière. Des animaux nourris avec la nourriture de la firme, composée à 80 % de céréales. Quant au soja, même si l’entreprise n’a pas trouvé le moyen de s’en affranchir, elle travaille avec du « soja responsable ».

De quoi permettre aux bêtes de se développer de manière optimale, tout en profitant allègrement de la paille mise à leur disposition, pour le plus grand bonheur de la famille Tavernel.

A lire aussi en Porcs

«Ne chassez pas dans les zones à risques pour la peste porcine africaine»

Porcs Alors que la saison de la chasse est officiellement ouverte, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire appelle les chasseurs à redoubler de vigilance face à la peste porcine africaine (PPA). Cette maladie grave, qui touche les porcs et les sangliers, peut être introduite en Belgique par le biais de matériel infecté (vêtements, chaussures mais aussi véhicules) ainsi que par la viande et les trophées de chasse.
Voir plus d'articles